Conisation du col de l'utérus
La conisation du col de l’utérus est une intervention chirurgicale consistant à la résection d’une portion du col de l’utérus. La pièce opératoire est appelée le conisat. Il ressemble souvent à un cône d’où son nom. Lorsque l’intervention emporte une grosse partie du col, nous parlons plutôt d’amputation du col de l’utérus.
Une conisation est souvent un acte thérapeutique. Elle traite le plus souvent les lésions précancéreuses appelées dysplasies ou CIN (CIN 2 ou 3). Ces lésions sont détectées sur des biopsies du col réalisées au cours des colposcopies. Les conisations peuvent être réalisées, dans le cadre d’un diagnostic : par exemple lorsqu’il existe une discordance entre la colposcopie et une biopsie du col. Dans ces derniers cas, votre médecin réalise le plus souvent des mini-conisations
Une hospitalisation en ambulatoire suffit. L’intervention est de courte durée (10-20 mn). Elle peut être réalisée sous anesthésie locale (bloc para cervical…), locorégionale (rachianalgésie) mais le souvent elle est réalisée sous anesthésie générale pour des raisons de confort et d’immobilité de la patiente (étroitesse de la zone opératoire).
L’intervention se fait par voie vaginale. Il n’y a pas d’incision sur la peau et donc pas de cicatrice, ni de douleur (ou simplement des douleurs de règles).
Il existe plusieurs techniques opératoires. Le plus fréquemment la conisation est réalisée à l’aide d’un bistouri électrique et d’une anse diathermique. Plus rarement à l’aide d’un bistouri à lame coudée ou au laser. Une boule électrique permet une cautérisation de la zone opérée et parfois des berges.
Il est parfois nécessaire de laisser en place une mèche en tissu dans le vagin. Cette mèche est rarement laissée plus de 24h. Parfois des mèches hémostatiques, résorbables sont laissées en place dans le fond du vagin. Ces mèches vont tomber toutes seules ou peuvent être enlevées par le médecin. Il est parfois nécessaire de laisser en place des fils sur le col. Ces fils sont résorbables et ne nécessitent par conséquent aucune ablation.
La conisation peut être réalisée à n’importe quelle moment du cycle. Néanmoins, il est préférable d’éviter les périodes de règles. La présence d’un stérilet permet quand même la réalisation de la conisation. Néanmoins, il est possible que le fil du stérilet soit sectionné lors de l’acte opératoire. Ce petit raccourcissement de fil ne change en rien l’efficacité de votre stérilet mais il peut occasionner lors de son l’ablation une petite difficulté pour votre gynécologue.
Parfois votre gynécologue vous prescrira des ovules gynécologiques avant et après l’acte opératoire. Il est très fortement conseillé d’éviter les rapports sexuels pendant 15 jours et au mieux 1 mois. Il en est de même pour les bains et la piscine. Les tampons intimes ne sont pas recommandés. Pour les patientes sous contraception orale, il est souvent souhaitable d’éviter les règles par la prise en continue de la contraception (2 plaquettes de 21 comprimés à la suite, sans interruption). Il existe souvent un petit saignement dans le post opératoire. Ce petit saignement peut se majorer vers le 4ième et 5ième jour avec la chute d’escarre de la cicatrice.
Une consultation de contrôle est réalisée dans les 15 jours à 1 mois après l’acte opératoire. Au cours de cette consultation un contrôle de la cicatrise est réalisé et votre médecin vous expliquera les résultats de l’anatomopathologie et leurs conséquences sur le suivi. La surveillance post opératoire doit être rigoureuse afin de dépister les récidives.
Les risques et les complications des conisations sont rares ! La plus fréquente est le risque hémorragique. Il survient le plus souvent lors de la chute d’escarre. Le plus souvent, cette hémorragie nécessite la mise en place d’une mèche vaginale qui restera en place pas plus de 48h. Dans des cas exceptionnels, il est nécessaire de réopérer ou de transfuser.
Les autres complications sont très rares. Il peut y avoir une obstruction complète ou partielle du canal cervical. Dans ces cas, il existe des dysménorrhées (règles douloureuses) ou des aménorrhées (absence de règles) avec présence persistante de sang dans l’utérus (hématométrie). La re-perméabilisation du canal cervical est un geste simple par dilatation et parfois nécessitant la mise en place d’un stérilet. Les sténoses cervicales gênent aussi les surveillances ultérieures des frottis.
La conisation peut modifier la quantité et la qualité de la glaire cervicale. Cette glaire cervicale est indispensable à la capacitation des spermatozoïdes et donc à la fécondation. Dans ce dernier cas, une insémination intra utérine permet de pallier sans problème cette hypofertilité !
La conisation peut favoriser les risques d’accouchements prématurés. Dans de rares cas, il est nécessaire de faire un cerclage. De même, elle peut favoriser une dystocie cervicale : non dilatation du col de l’utérus…
En conclusion : la conisation est un geste opératoire très simple qui évite l’apparition de nombreuses lésions cancéreuses. Elle présente peu de risque et de complication.
Rédaction : Dr Eric PRADOS / 2015 pour l'AFMGOS - Med-Sein