Antidépresseur et grossesse
- Par Eric Dr PRADOS
- Le 01/06/2016
Antidépresseurs ISRS et IRSN
La classe des ISRS comprend la paroxétine (Deroxat et génériques), la fluoxétine (Prozac et génériques), la sertraline (Zoloft et génériques), le citalopram (Seropram et génériques), l’escitalopram (Seroplex et génériques) et la fluvoxamine (Floxyfral et génériques).
Celle des IRSN comprend la venlafaxine (Effexor et génériques), la duloxétine (Cymbalta et génériques), la mirtazapine (Norset et génériques) et le milnacipran (Ixel et génériques).
Ils sont indiqués notamment dans la prise en charge des épisodes dépressifs majeurs (c’est-à-dire caractérisés) et, pour certains d'entre eux, dans le traitement des troubles anxieux : troubles obsessionnels compulsifs (TOC), trouble panique, anxiété sociale, anxiété généralisée ou état de stress post-traumatique.
Risque potentiel de troubles neurodéveloppementaux
Certaines données épidémiologiques récentes suggèrent une augmentation du risque de troubles du spectre de l’autisme chez des enfants exposés à ces antidépresseurs pendant la grossesse. Cependant d’autres études ne mettent pas en évidence une augmentation de ce risque. Ainsi, à ce jour, les études ne permettent donc pas d’exclure une association entre l’utilisation de ces médicaments pendant la grossesse et l’apparition de tels troubles.
Dans ce contexte, à la demande de la France, le PRAC[2] a engagé fin 2015 une revue des données disponibles concernant le risque de troubles neuro-développementaux, et notamment du spectre de l’autisme, chez les enfants exposés in utero à un ISRS ou à un IRSN. L’ANSM maintient donc une surveillance renforcée de ce risque et la faisabilité d’études supplémentaires est explorée par l’Agence européenne du médicament (EMA).
Rappel des risques déjà connus liés à l'utilisation de ces médicaments pendant la grossesse
Des données épidémiologiques ont décrit que l’utilisation des ISRS pendant la grossesse, en particulier au troisième trimestre, pourrait augmenter le risque d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) du nouveau-né[3] . De par leur mécanisme d’action, ce risque ne peut pas être exclu pour les IRSN.
Un risque de syndrome sérotoninergique ou de syndrome de sevrage[4] peut également survenir chez le nouveau-né.
Une augmentation du risque de malformations cardiovasculaires[5] (communication interventriculaire et interauriculaire) a été identifiée chez le nouveau-né exposé à la paroxétine ou à la fluoxétine.
Quelles recommandations d'utilisation de ces antidépresseurs (ISRS et IRSN) lors de la grossesse au regard de ces données ?
Les conditions d’utilisation de ces antidépresseurs pendant la grossesse ne sont pas modifiées : ils ne doivent être utilisés pendant la grossesse que s’ils sont strictement nécessaires. Un traitement non médicamenteux (psychothérapie) doit être privilégié, s’il peut être mis en place de manière efficace et continue.
Il est également rappelé que les patientes ne doivent pas interrompre leur traitement sans avis médical et que tout arrêt brutal doit être évité du fait du risque de syndrome de sevrage.
Les informations doivent être partagées avec les patientes au moment de la prescription ou de la délivrance de ces médicaments.
Les résumés des caractéristiques des produits (RCP) et les notices de ces médicaments peuvent être consultés sur la base de données publique des médicaments.
D’une façon générale, l’ANSM rappelle la nécessité de réévaluer tout traitement médicamenteux lorsqu’une femme envisage une grossesse ainsi que tout au long de la grossesse.